Depuis des années 2000, environ 10 pourcents des femmes enceintes qui vont aux consultations prénatales dans les aires de santé en ville de Goma dans la province du Nord-Kivu, sont testées positives au virus du VIH. Des ces femmes, figure Esther, la mère de Rosine, qui était tombée enceinte de son mari PVVIH, 8 ans après leur mariage.
Esther et son mari étaient séronégatifs au VIH jusqu’à ce que ce dernier, par infidélité, ait contracté le virus le transmettant à sa femme.
Pendant qu’elle était déjà grosse, Esther est mise au courant de son état sérologique. Elle ne savait rien de comment elle devrait s’y prendre pour protéger son bébé du virus. Elle fut bouleversée par sa situation.
Un accompagnement pour la mère PVVIH et son bébé
Esther, par les orientations de sa voisine, est suivie dans une aire de santé de sa région, dont une branche s’occupe de la prise en charge et du suivi des Personnes Vivants avec le VIH.
« Quand j’avais appris que j’étais séropositive alors que j’étais déjà tombée enceinte de mon mari, j’étais convaincue que c’était notre mort, mon bébé et moi. J’étais toute abattue et dégoutée de la vie. Je n’en pouvais plus. C’est ma voisine qui m’avait amené dans une structure où j’avais bénéficié d’un suivi psychosocial et sanitaire », témoigne Esther, la mère séropositive.
Celle-ci a respecté toutes les consultations prénatales, jusqu’à son accouchement au cours duquel son bébé avait été protégé par les sages-femmes.
« J’ai repris l’espoir de vivre quand les médecins m’ont dit que mon bébé pouvait être protégé du virus et que je pouvais vivre normalement avec le virus, étant sous ARV et en prenant soin de mon enfant comme toute mère. Je me suis senti vraiment soulagée et aujourd’hui j’ai une belle petite fille de 5 ans qui avait été épargnée du VIH de sa maman que je suis et qui est en bonne santé », ajoute Esther, en esquissant un sourire de réconfort.
Esther et sa fillette Rosine se porte visiblement bien, même trois ans après le décès de son mari qui les avait quitté deux ans seulement après la naissance de Rosine.
Les prescrits pour une mère PVVIH en vue de sa protection et celle du bébé
Des constats sont tels que les ARV peuvent très considérablement réduire le risque de transmission du VIH par l’allaitement sur une période de 12 mois comme l’atteste Dr. Marlene Mapenzi, pédiatre à Heal Africa, une structure de santé en ville de Goma dans le Nord-Kivu.
« Un enfant issu d’une mère PVVIH est protégé du VIH lors de l’accouchement. Et pendant sa croissance, la mère PVVIH sous anti rétroviraux peut allaiter son bébé sur une période de 12 mois. Les ARV peuvent être administrés soit à la mère, soit à son enfant sur la période d’allaitement. Ainsi il est possible de nourrir son enfant au sein sans risque de transmettre au bébé le VIH seulement sous ARV. Pendant le six premier mois de l’enfant, la mère doit exclusivement donner le sein, ensuite introduire des aliments complémentaires », fait savoir Dr. Marlene Mapenzi.
« Il est recommandé aux mères PVVIH d’allaiter leurs bébés jusqu’à 12 mois et pas plus. Ce mode d’alimentation permet de protéger le bébé des causes majeures de mortalité chez les enfants. La différence entre les mères séropositives au VIH et celles qui ne le sont pas, c’est qu’elles doivent arrêter d’allaiter à 12 mois et les autres doivent aller jusqu’à 24 mois voir plus », poursuit-elle.
Crises sanitaires et sécuritaires, obstacles aux réponses contre le VIH
Contacté, le ministre provincial du Nord-Kivu, Dr. Eugene Nzanzu Syalita précise que le problème majeure pour pouvoir répondre efficacement contre cette pandémie reste les conflits armés, les violences basées sur le genre et l’avènement de la COVID-19 à travers la province : « La lutte contre le VIH ne peut être efficace que si l’on met fin aux conflits armés dans les zones touchées où les populations sont victimes des violences basées sur le genre, du non accès aux services de soins et d’accompagnement. A ceci s’ajoute la pandémie de la COVID-19 qui a sensiblement affecté l’approvisionnement en appui nécessaire pour la prise en charge de Personnes Vivant avec le VIH. »
Par ailleurs, la lutte contre le VIH passe par le renforcement d’une réponse participative et communautaire pour un pays zéro infection liée au VIH, zéro discrimination, zéro stigmatisation, zéro violence basée sur le genre.
