Après la tentative d’évasion à la prison centrale de Makala à Kinshasa dimanche 1er septembre 2024, plus d’une question se posent face à la situation d’Édouard Mwangachuchu, condamné à perpétuité au mois d’octobre 2023 pour trahison et participation à un mouvement insurrectionnel. Alors même que des voix s’élèvent pour dénoncer le carnage que la tentative d’évasion avait engendré, l’actuel statut du criminel demeure flou. Est-il en fuite ou les informations que d’évasion ne sont-elles que le reflet d’une anxiété collective ? Les autorités pénitentiaires, visiblement sous pression, n’ont pas encore communiqué d’informations claires, alimentant ainsi des spéculations et l’inquiétude au sein de la population.
Mwangachuchu incarne une figure complexe, à la fois symbole de la lutte pour le pouvoir et l’incarnation de la trahison aux yeux de nombreux Congolais. Sa condamnation, à laquelle beaucoup avaient vu un espoir et une ruelle de paix, semble aujourd’hui compromise par cette incertitude. D’après certaines indiscrétions, des mouvements suspects autour de la prison de Makala, laissent entendre qu’une opération orchestrée par la milice de Mwangacucu pourrait être le vrai auteur, dont Mwangacucu lui même serait le commanditaire. Pendant ce temps, les citoyens se demandent : comment un homme dont le nom est devenu synonyme de chaos a-t-il pu disparaître sans que les autorités ne soient informées ?
Le débat autour des conséquences de ce carnage s’intensifie également. Les chiffres des morts liés à ses actions sont tout aussi troublants. Officiellement, 129 décès ont été signalés, mais certaines sources, y compris des organisations de défense des droits de l’homme, avancent des estimations qui pourraient approcher 1 000 personnes décédées. Cette divergence n’est pas simplement un détail statistique ; elle soulève des questions fondamentales sur la responsabilité, la transparence et la capacité de l’État à protéger ses citoyens.
Human Rights Watch, une ONG Américaine de défense des droits humains dit avoir répertorié des cas des violences sexuelles, laissant ainsi croire une incertitude sur plusieurs questions :
https://www.hrw.org/fr/news/2024/09/06/rd-congo-enqueter-sur-les-deces-et-les-violences-sexuelles-dans-une-prison
Les familles des victimes, qui pleurent des proches perdus dans cette spirale de violence, exigent des réponses. Elles ont droit à la vérité, à la justice et à la reconnaissance de leur souffrance.
Un grand nombre des défenseurs des droits de l’homme s’engagent à surveiller la situation de près, appelant le gouvernement congolais à prendre la mesure de la gravité de la situation. Il est vrai que la transparence est non seulement un impératif moral, mais également un facteur clé pour restaurer la confiance du public. Les autorités doivent rapidement clarifier la situation d’Édouard Mwangachuchu, fournir des informations précises sur les événements ayant conduit à son statut actuel soit de prisonnier ou d’evadé et de prendre des mesures pour garantir que justice soit rendue pour les victimes de ses actes. La population a besoin de savoir que son gouvernement est capable de protéger ses citoyens et de répondre aux défis de l’insurrection et de la violence.
La question de la sûreté dans les prisons congolaises se pose également avec acuité. Comment une figure controversée que Mwangachuchu a-t-elle pu échapper à la vigilance des autorités ? Un examen rigoureux des procédures de sécurité et de gestion des prisons est nécessaire pour éviter que des incidents similaires ne se reproduisent à l’avenir. Une réforme en profondeur du système pénitentiaire est indispensable pour assurer la sécurité des détenus et du personnel, mais aussi pour renforcer la confiance du public dans l’État de droit.
La liberté est la règle, la détention est une exception, les détenus ne sont pas voué à la mort.
Promesse Kakuru
