Les frontières entre la République Démocratique du Congo et l’Ouganda à Bunagana et Ishasha ont été rouvertes jeudi 10 juillet, à l’issue d’une cérémonie conjointe entre les personnes se présentant comme représentant l’Ouganda et les autorités du mouvement Alliance Fleuve Congo/M23, actuellement en contrôle de la cité congolaise, de Bunangana. Un geste qui reste commenté, d’autant plus que cette zone demeure sous occupation du mouvement AFC/M23, en dehors de tout cadre institutionnel reconnu par Kinshasa.
Depuis la prise de Bunagana par le M23/AFC, un consensus avait pourtant été trouvé entre les deux pays pour une fermeture stricte des postes frontaliers, ainsi que la suspension des activités commerciales dans la zone. Cette mesure visait à éviter toute légitimation indirecte dans les zones contrôlées par le mouvement.

Cependant, la récente cérémonie d’ouverture s’est tenue sans la moindre présence officielle des autorités congolaises. À cette occasion, des déclarations ont été faites en faveur de la libre circulation et de la reprise des échanges transfrontaliers, affirmant qu’« aucun obstacle ne devrait empêcher le commerce entre les peuples des deux pays». Une déclaration perçue par les analystes politiques congolais comme provocatrice dans le contexte actuel.
Pour le Professeur Docteur Dady Salleh, cette initiative symbolise un grave manquement dans la coopération diplomatique de la RDC. « C’est une humiliation de plus. Nous continuons d’être traités avec légèreté, voire mépris, par ceux que nous appelons nos partenaires », a-t-il déclaré au micro de Elle FM.
Selon lui, cette manœuvre fragilise davantage la souveraineté nationale.
« Ce type d’acte, mené en dehors de tout dialogue officiel avec Kinshasa, devrait alerter nos autorités. Comment peut-on accepter une telle coopération sans en mesurer les implications, sans la présence des officiers congolais ou sans autorisation ? » s’interroge-t-il.
Il évoque notamment le risque réel de balkanisation de l’Est du pays, en évoquant les parties de l’Ituri ou encore de Beni, au Nord-Kivu, qui pourraient connaître le même sort si l’État ne réagit pas fermement.
Pour le Pr. Salleh, l’heure est venue pour le peuple congolais de cesser d’espérer un respect sur la scène diplomatique. « Le rapport de force est désormais nécessaire. Nous devons cesser d’être naïfs et imposer le respect, si nous voulons protéger notre territoire et notre dignité », conclut-il.
Dans cette affaire, le gouvernement congolais a réagi.
Au cours de la 51ᵉ réunion du Conseil des ministres tenue vendredi 11 juillet, il a été demandé au ministre d’État en charge des Affaires étrangères de tout faire pour prendre des dispositions afin d’obtenir des explications claires de la part des Ougandais.

Michael Bariyanga

By ellefm

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