Dans la région du Grand Kivu, les chiffres parlent de 38 personnes victimes d’engins explosifs, selon le GTLAM, le Groupe de Travail de Lutte Anti Mines. Pourtant, des efforts sont fournis. En 2024, 49 zones minées ont été sécurisées et 832 engins explosifs détruits grâce au travail de terrain de plusieurs ONG, dont AFRILAM, SYLAM et TDI.
Malgré ces avancées, Marion Ngavho, coordinateur de la SYLAM, révèle que 15 champs de mines restent encore actifs et le manque de financement risque de freiner la poursuite de ces opérations :
« Les défis restent nombreux dans la lutte contre les mines anti personnelles, notamment à cause du sous-financement des activités de déminage. Aujourd’hui, plusieurs ONG n’ont plus de projets actifs sur le terrain. Beaucoup d’initiatives ont pris fin en mars de cette année, d’autres en novembre dernier, et certaines sont suspendues depuis plus d’un an dans plusieurs zones. Pendant ce temps, les conflits armés ont gagné du terrain, occupant villes et territoires dans les provinces du Nord et du Sud-Kivu. Les risques d’explosions et d’accidents liés à la manipulation d’engins non explosés sont toujours d’actualité. Il y a un besoin urgent de renforcer la sensibilisation, de relancer les opérations de déminage et de procéder à une dépollution des zones affectées, que ce soit dans les écoles, les champs ou les quartiers ayant été le théâtre de combats. »
Dans les territoires de Nyiragongo, Rutshuru et Masisi, la menace reste bien réelle. Bosenibwami Muzungu, coordinateur de l’organisation ACADEPA-Zaburi 133, mène actuellement une campagne de sensibilisation dans les zones affectées. Il alerte les communautés sur les dangers liés aux engins explosifs non explosés, souvent dissimulés dans les champs, sur les routes ou à proximité des habitations :
« Dans des zones comme Nyiragongo, Rutshuru et Masisi, les populations vivent encore dans la peur à cause des engins explosifs non explosés laissés après les conflits. Nous voyons des enfants jouer près d’objets dangereux et des cultivateurs tomber sur des engins en allant aux champs. C’est une menace silencieuse mais bien réelle. Il est important que chaque citoyen sache que toucher ou manipuler un objet inconnu peut être fatal. C’est pourquoi nous appelons aussi les autorités et les partenaires à soutenir davantage ces efforts de prévention, car sauver une vie, c’est préserver tout un avenir. »
Dans un contexte marqué par des conflits persistants, comme dans le Grand Kivu, chaque action menée dans le cadre de la sensibilisation contre, les mines anti personnelles et chaque opération de déminage représente une vie potentiellement sauvée.
Promesse Kakuru