C’est dans ce contexte que tout a commencé, avec une simple opportunité saisie chez sa voisine, une grossiste des poissons dits Thomson. Elle y travaille comme vendeuse, revendant les poissons aux clients venus s’approvisionner en détail.
Mais très vite, Ange a réalisé que son salaire ne suffisait pas. Plutôt que de continuer ainsi, elle décide de voler de ses propres ailes. Avec ses premières économies, elle se lance dans la vente au détail: « J’ai commencé avec un demi-carton de Thomson, puis un carton entier après plusieurs mois. » ajoutant que chaque bénéfice était déposé dans une AVEC, une structure d’épargne communautaire.
Le vent tourne brutalement lorsque le président de l’AVEC disparut dans la nature avec les fonds de l’association. Son activité s’écroule. Ange se retrouve à l’arrêt pendant six mois. Mais loin de baisser les bras, elle retourne voir sa voisine, qui lui prête un carton de poissons. Peu après, le président refait surface avec l’argent. Ange rembourse sa dette, relance ses affaires, et achète un deuxième carton. Dès lors, sa croissance devient régulière : un carton de plus chaque mois, jusqu’à atteindre aujourd’hui un volume impressionnant de 50 cartons de poissons Thomson:« Je suis passée de revendeuse à grossiste. Je me fournis maintenant en conteneurs », raconte-t-elle fièrement. Désormais, elle subvient elle-même à ses besoins, sans dépendre de ses parents ni de qui que ce soit: « Je n’ai pas besoin de demander de l’argent à un copain pour m’acheter un forfait ou aller chez la coiffeuse », dit-elle avec assurance.
Mieux encore, elle aide sa famille lorsque le besoin s’y fait sentir.
Au-delà de son propre parcours, Ange veut aujourd’hui éveiller les consciences, particulièrement chez les jeunes filles. Son message est fort : « À toutes celles qui ont déjà commencé une petite activité : tenez bon ! Ne laissez pas les difficultés vous freiner. Vous pouvez aller plus loin que vous ne l’imaginez. Moi, je vise maintenant les 500 cartons», aspire -t-elle.
Et pour celles qui n’ont pas encore franchi le pas, elle lance un appel : « Il est temps de prendre votre destin en main. L’autonomie, c’est possible. Il suffit d’oser, de commencer. », a-t-elle conclu.
Le parcours d’Ange Ahishakiye est la preuve que les petits débuts, lorsqu’ils se font avec la détermination, peuvent mener à des sommets inattendu.
Michael Bariyanga