La vie des déplacés dans les sites et camps des déplacés fait réfléchir et appelle à l’action immédiate. Les femmes et les jeunes filles subissent des viols et des exactions dans et en-dehors des sites. Selon les témoignages de ces femmes, le retour de la paix dans leurs milieux d’origine peut mettre fin à ce phénomène. Épouses et femmes au foyer, elles ont décidé de cacher le fait qu’elles ont été violées de peur de perdre leurs foyers. Cette femme déplacée dans le site de Bulengo et que nous prenomons Joëlle pour sa protection témoigne :

« La faim… Quand nous cherchons de quoi manger dans la brousse ou quand nous cherchons le bois mort pour la cuisson, nous rencontrons des hommes qui nous violent. Et entant que femme mariée, on ne rapporte plus ce genre de nouvelle. Car si le mari l’apprend, il te chasse du foyer. Voilà pourquoi moi je me suis tue après avoir été violée par deux militaires près du lac noir », a-t-elle témoigné.

A elle de renchérir :
« Un autre problème est celui des grossesses non désirées issues des viols. Nombreuses villes de notre camp sont enceintes mais ne connaissent même pas le père du bébé car ayant été violée par deux ou plusieurs hommes. Des viols qui se commettent soit dans les camps ou en-dehors « , nous dit-elle.

Le phénomène »sexe de survie » prend de l’ampleur dans les sites. Ce phénomène consiste à offrir des services sexuels en contrepartie de l’argent. Cette déplacée de Rusayo témoigne avoir recouru à ce phénomène pour trouver de quoi nourrir sa famille et ses enfants :

 » Dans nos sites, l’aide humanitaire est très irrégulière. A cause de la famine, certaines femmes comme moi, recourent à cette pratique, le sexe de survie », reconnait-elle. Mais elle veut y mettre fin: » à cause de cette souffrance, je suis déterminée à rentrer chez moi à la fin de ce mois d’août. C’est vrai qu’il y a encore la guerre chez nous, mais j’estime que c’est mieux que de vivre dans cette souffrance. Au moins dans nos villages on a accès à nos champs et autres activités commerciales que de mourir de faim ou de maladie sexuellement transmissibles dans les sites de déplacés. Nous voulons la paix. », a-t-elle conclu.

Les jeunes filles ne sont pas épargnées par cette situation. Pour échapper aux vols individuels et collectifs, elles ont décidé de se choisir un homme armé comme partenaire sexuel et ainsi bénéficier de sa protection :
« Je vis dans le site de déplacés de Rusayo. Ici, les soldats ont installé leur camp à proximité du site. Lorsqu’ils reçoivent leur solde, ils font la loi dans le camp. Et s’ils rencontrent la résistance, ils n’hésitent pas à violer. Pour éviter les viols collectifs, moi, comme certaines filles de mon âge, avons choisi de cohabiter avec les soldats  » témoigne une jeune femme de 21 ans que nous avons prénommé Prudence pour sa dignité.

Elle ajoute : »quand je sors avec ce militaire, celui-ci constitue ma sécurité. Même si je n’ai pas d’autre choix, au-moins comme ça, je suis sûre que je ne serai pas victime des viols », dit-elle.

Ces femmes comme des milliers d’autres déplacés veulent voir le retour de la paix chez eux. Cette femme qui vit grâce à l’aide humanitaire appelle les autorités à prendre sérieusement cette question en priorité :
« Je suis déplacée du site de Bulengo. La première chose que nous demandons c’est le retour de la paix dans nos entités. Aujourd’hui, mon mari est handicapé à cause des balles reçues dans les jambes. Avec nos quatre enfants, je joue le rôle du père et de la mère. Nous vivons en grande partie grâce à l’aide humanitaire. Le plus important pour nous est le retour de la paix chez nous et là, nous serons à mesure de nous prendre en charge grâce à nos champs », dit-elle avec un air triste.

C’est depuis Juin 2022 que les premières localités sont tombées entre les mains du mouvement du 23 Mars et alliés. Et deux ans plus tard, il est difficile de prédire la fin de cette rébellion.

Gisèle Kahimbani.

By ellefm

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