Sans suivre de formation formelle, Kahindo Rachelle s’est lancée dans une autoformation pratique: « J’ai appris petit à petit, en observant et en pratiquant. Et c’est comme ça que tout a commencé », ajoute-t-elle.
À un moment donné, elle a temporairement laissé de côté son activité de cordonnière pour se consacrer à la couture. Mais la passion de son premier métier n’a jamais disparu:« Après avoir appris à reparer les souliers pendant six mois, j’ai fait une pause pour me consacrer à la couture. Mais quand je suis arrivée à Durba, j’ai constaté qu’il y avait peu de cordonniers. Je me suis dit qu’il fallait que je reprenne cette activité. Aujourd’hui, je suis reconnue comme cordonnière professionnelle bien au-delà de ma province d’origine le Nord Kivu», confie-t-elle avec fierté.
Mariée et mère d’un enfant, Rachelle ne se considère pas seulement comme une maman, mais aussi comme une femme active, indépendante et capable d’apporter une contribution dans son foyer: « Parfois, quand mon mari traverse une période difficile, c’est lui qui vient me demander du soutien. Grâce à mon travail, je suis respectée chez moi. Mon activité me permet d’avoir une certaine autonomie financière », explique-t-elle.
Elle insiste sur l’importance, pour une femme, d’avoir sa propre source de revenus :
« Imagines que ton mari te laisse 5 000 francs pour acheter du crédit ou de la nourriture, puis, soudain, des visiteurs arrivent. Tu vas encore l’appeler pour demander de l’argent ? C’est pourquoi il est important que chaque femme ait une source de revenus, même petite », exhorte-t-elle.
Rachelle reconnaît que son métier n’est pas toujours compris :
« Certains se moquent, d’autres sont surpris qu’une femme répare des chaussures. Mais nous ne nous laissons pas décourager par les paroles. Le travail, c’est le travail. Il n’y a pas de honte à gagner dignement sa vie », affirme-t-elle avec conviction.
À travers son témoignage, elle lance un message fort aux femmes et aux jeunes filles : « N’ayez pas honte de travailler. L’entrepreneuriat n’est pas réservé aux hommes. Que vous soyez vendeuse de légumes, que vous soyez couturière, cordonnière, coiffeuse ou autre, l’important c’est d’être active, indépendante et de croire en vos capacités.»
Dans une société où la dépendance financière rend certaines femmes vulnérables, Kahindo Rachelle incarne le modèle d’une femme forte, résiliente et engagée. Elle rappelle que le courage de se lever et de se battre pour sa dignité n’a pas de genre, et que chaque femme, peu importe son origine ou sa situation, peut devenir actrice de son propre changement.
Michael Bariyanga