En ville de Goma, où les défis économiques et sociaux s’entrecroisent, se distingue une jeune femme au parcours remarquable : Nyamusao Astrid, coordinatrice de la Fondation TUMAINI, une organisation œuvrant dans la formation professionnelle, au service de l’autonomisation des jeunes, en particulier des femmes.

Deuxième fille de la famille Mubawa, Astrid est née dans une famille modeste mais riche en valeurs. Fille de Papa Asani Mubawa et de Maman Annie Pengele, elle grandit en observant sa mère, entrepreneure, qui deviendra plus tard sa principale source d’inspiration. Après des études primaires à l’école primaire Chipuko, puis secondaires au Lycée Chemchem, elle choisit de poursuivre une formation universitaire en gestion d’entreprise et développement rural, dans le but, dit-elle, « de bien gérer son entreprise ».

Son parcours n’a pas été simple. Astrid confie avoir connu des échecs, mais elle n’a jamais abandonné. Célibataire et mère d’un garçon, elle explique que cela ne l’empêche pas de travailler : « Je sais organiser mon temps entre le travail et mon enfant », affirme-t-elle avec assurance.

Depuis cinq ans, elle coordonne la Fondation TUMAINI (qui signifie espérance), basée à Goma. Cette structure propose des formations en menuiserie, maçonnerie, couture, art culinaire, mécanique, fabrication de jus naturels, et plus encore. Bien qu’elle reconnaisse le manque de financements, elle souligne le soutien de bienfaiteurs, notamment de la diaspora vivant en Hollande, avec à leur tête M. Bwira Boston, fondateur de la fondation, qui leur a permis d’avoir du matériel pour leurs formations.

Aujourd’hui, la fondation est active surtout dans la couture, la fabrication de jus et le tricotage. D’autres filières sont temporairement suspendues, faute de formateurs et d’apprenants. Pour permettre à plus de personnes d’accéder aux formations, les frais sont volontairement réduits de moitié.

Astrid croit fermement que la femme peut travailler comme l’homme. Elle refuse de se sous-estimer, même dans des espaces dominés par des hommes : « Je peux parler et agir, peu importe qui est en face », dit-elle avec conviction.

Pour elle, la formation professionnelle est une solution au chômage : « Si dix femmes ou filles apprennent un métier, c’est déjà une solution pour l’auto-prise en charge », explique-t-elle.

Elle se souvient que, dès ses débuts, certains doutaient de sa capacité à assumer ses fonctions : « Les gens disaient à mon patron : “Tu penses qu’elle est vraiment capable de tout gérer ?” ». Mais cela ne l’a pas découragée. Aujourd’hui, elle fait tout son possible pour ne pas décevoir ceux qui lui ont fait confiance.

Grâce à ce travail, elle peut subvenir aux besoins de son fils, inscrit dans une bonne école, et aussi à ses propres besoins, sans dépendre de qui que ce soit. Elle affirme que les expériences vécues l’ont forgée, et malgré les difficultés, elle continue d’avancer avec détermination. Elle rêve également de créer sa propre entreprise un jour.

À l’intention des jeunes filles, elle lance un appel :

« Détrompez-vous ! Aucune honte à ce qu’une femme ramène quelque chose à la maison. Mes sœurs, réveillez-vous, entreprenez, pour ne pas dépendre de quelqu’un. »

Et aux hommes, elle adresse ce message :

« Ayez confiance en vos femmes. Permettez-leur de travailler. Quand une femme travaille, cela ne veut pas dire qu’elle devient le chef de l’homme. »

Nyamusao Astrid incarne une jeunesse féminine forte, résiliente et engagée. Son action, à travers la Fondation TUMAINI, change déjà des vies. Et c’est sans doute là, le plus bel accomplissement.

Grace Wasingya Nestor

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